Il y a 50 ans, le Métropolite Joseph Slipyi, archevêque majeur de l’Église gréco-catholique d’Ukraine, a visité Lyon.
Cette visite lyonnaise s’inscrivait dans le cadre d’une tournée effectuée auprès des communautés ukrainiennes de France, par le Métropolite qui, depuis sa libération en 1963, vivait en exil à Rome. Arrêté en 1945, Joseph Slipyi a passé 18 ans dans les camps et prisons soviétiques.
Après l’annexion de l’Ukraine occidentale par l’URSS, l’église ukrainienne unie à Rome fut interdite en Union Soviétique.
« Notre Église, qui compte sept millions de fidèles en Ukraine et près de deux millions dispersés dans le monde, a été obligée de descendre dans les catacombes pour conserver sa foi catholique et son rite », a affirmé Joseph Slipyi lors de la conférence de presse à Paris le 9 juillet 1970 (1).

La brochure qui accompagnait la visite de Mgr Slipyi évoque la « persécution impitoyable » des catholiques ukrainiens sous l’occupation soviétique depuis 1944 : « Tout a été mis en œuvre : terreur, prison, déportation, assassinats. (…) Les prêtres clandestins restés fidèles au Saint Siège, soutiennent la foi de leur peuple. Ceux qui ont été déportés en Sibérie, sont devenus les porteurs de la parole de Seigneur dans les camps de concentration » (2)

Venant de Paris où il avait été reçu par le cardinal Marty et le Nonce apostolique, Mgr Lambertini, le cardinal Slipyi est arrivé dans la soirée du lundi 13 juillet 1970 à l’aéroport de Bron. Le prélat a été accueilli par Mgr Wasylyk et le R.P. Salewycz de la paroisse ukrainienne Saint-Athanase, le père Michalon, responsable du Centre lyonnais de l’unité chrétienne, M. L’abbé Blanc de La Fontaine, secrétaire de l’archevêque de Lyon (le cardinal Renard étant absent de Lyon) et par une délégation de la communauté ukrainienne de Lyon, conduite par MM. Petryk et Korczak. (3)
Il disait que le mal ne durera pas toujours, et qu’il nous faut se préparer à la résurrection de l’Église en Ukraine et à la liberté de l’Ukraine
Borys Gudziak
Le 14 juillet, le Métropolite a célébré la Divine Liturgie en l’église Saint-Athanase de Cusset-Villeurbanne. Sur le parvis de l’église, le Métropolite a été accueilli par le communauté ukrainienne sous les drapeaux jaunes et bleus. Il était entouré par Mgr Malanczuk, l’Exarque pour les ukrainiens catholiques en France, Mgr Wasylyk, les PP. Salewycz et Huzar (primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne de 2001 à 2011).

Selon Borys Gudziak, prélat gréco-catholique ukrainien et spécialiste de l’histoire de l’Église, la venue de sa Béatitude Joseph en cette église et dans des dizaines d’autres églises ukrainiennes partout dans le monde, stimulait les communautés.
« Il représentait une Église qui aurait dû disparaître, et pourtant elle existait. Il disait que le mal ne durera pas toujours, et qu’il nous faut se préparer à la résurrection de l’Eglise en Ukraine et à la liberté de l’Ukraine », dit Mgr Gudziak.
Le lendemain, Mgr Slipyi a concélébré une messe avec le vicaire général du Diocèse de Lyon en la primatiale Saint-Jean. Puis suivait la réception par le Maire de Lyon, Louis Pradel, la visite au Foyer oriental Saint-Basile (ou habitait Mgr Wasylyk et le recteur de la paroisse russe P. Pierre Kholodiline) et à la chapelle byzantine Saint-Irénée, situés sur la Presqu’île lyonnaise. Dans l’après-midi, Joseph Slipyi prenait l’avion à Paris, où il avait tenu à rencontrer le président de la République Georges Pompidou. (4)

Sources
- Le Monde du 11 juillet 1970
- L’Église d’Ukraine parmi nous (brochure du Centre culturel Saint Wladimir à Lille)
- Dernière Heure Lyonnaise du 14 juillet 1970
- Dernière Heure Lyonnaise du 16 juillet 1970
Auteur : Markiian Peretiatko
Remerciements à Slawka Andrunewycz, Youri Bilak, Guènia Boura-Cuzin, Walter Hapiak et Michel Staniul d’avoir contribué au contenu de cet article.